UN MONUMENT D'HYPOCRISIE

 M. Saadoune

 

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Al-Qaradhaoui est le préposé aux fatwas de la chaîne Al-Jazeera et il en dispense sans compter… à la demande de l'employeur.

 

Celui qui paie les musiciens choisit la musique, le reste n'est qu'affaire de détails. Al-Qaradhaoui aura ainsi fait le tour complet d'opposant présumé à celui de serviteur zélé de la politique du Qatar… L'émirat qui s'est offert Al-Jazeera, des équipes de football, qui achète l'organisation de la Coupe du monde pouvait bien s'offrir un prêcheur.

 

Il y a bien longtemps qu'on ne se fait pas d'illusions sur l'éthique des marchands de fatwas.

 

Mais l'imam d'Al-Jazeera n'a même pas eu la pudeur de se taire au sujet de l'attentat kamikaze dans lequel le cheikh Ramadhan Saïd Al-Bouti a été tué avec 49 autres Syriens.

 

Son prêche du vendredi où il a parlé de Ramadhan Al-Bouti restera dans les annales comme un monument d'hypocrisie ou l'illustration de la dégénérescence morale de ceux supposés éclairer les croyants.

 

L'imam de Doha a fait une plongée dans l'infamie par un prêche véritablement odieux. Pendant les trois quarts du temps, l'éloge funèbre a été un réquisitoire. Ainsi Al-Bouti, «son ami», a continué «jusqu'à la dernière minute» à soutenir le régime, il s'est mis en opposition avec les «oulémas syriens», il a refusé de quitter le pays, il a appelé à soutenir le pouvoir

 

Al-Qaradhaoui, dans son authenticité de marchand de fatwas ad hoc de la chaîne «révolutionnaire»,

a livré la recension intégrale des justifications de l'assassinat.

 

Le sermon a consisté en l'acte d'accusation d'un homme déjà mort mais qui avait ses propres arguments pour ne pas suivre son «ami» Al-Qaradhaoui.

 

Ceux qui connaissent Al-Bouti savent que la manière dont l'imam d'Al-Jazeera l'a présenté était biaisée.

 

L'érudit religieux assassiné avait une autre vision de «l'islah» (la réforme) et le souci de la préservation de l'unité de la Syrie qui l'ont poussé à ne pas être du côté des opposants armés, du Qatar ou des Occidentaux… Des Syriens qui ne sont pas religieux, des libéraux ou opposants de gauche qui ont été embastillés par le régime ont fait, avec leurs propres grilles, la même analyse. Ils l'ont fait, en citoyens syriens, avec le sentiment qu'il y a une ligne rouge «nationale» à ne pas franchir. Et, disons-le, une certaine grandeur pour ne pas accepter que les richissimes émirs du Golfe leur dictent leur conduite.

 

Al-Bouti était un Syrien, Al-Qaradhaoui est un mercenaire cathodique.

 

Le premier parle de son pays, du devoir de le préserver, le second est un vendeur de fatwas sur mesure selon les désidérata des émirs.

 

Il y a une différence de nature. Pendant l'essentiel de son indécente homélie, Al-Qaradhaoui, perdant toute mesure, a justifié le crime en faisant le reproche à Al-Bouti de ne pas l'avoir suivi, lui, prêcheur inspiré et directeur de conscience élu par les pétrodollars.

 

Discours odieux mais qui, à l'extrême, pouvait passer pour celui d'un prédicateur, stipendié certes, mais qui assume ses fatwas et ses prêches anti-régime de Damas. Sauf que cela n'a pas été le cas !

 

La conclusion du sermon, le dernier quart de ce temps de parole, a été un morceau de pure indécence où l'impudeur a atteint des sommets.

 

L'imam d'Al-Jazeera affirme contre l'évidence qu'Al-Bouti, «l'homme du régime», celui qui a soutenu l'armée syrienne contre vents et marées, a été tué par le régime lui-même et non par l'opposition. Un tour de force ! Une honte.

 

Al-Qaradhaoui aurait pu éviter de plonger ainsi dans les abysses de l'indignité. Mais ses employeurs ont exigé une fatwa post-mortem où la propagande se nourrit d'insultes à l'intelligence des fidèles et des téléspectateurs.

 

Le prédicateur sans états d'âme l'a fait. Al-Qaradhaoui a bien rempli son contrat !

 

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