Hollande, choquant, provocateur

D’entre toutes les solutions privilégiant le dialogue et le langage de la paix, la France privilégie la voie de la force et veut pousser au pourrissement dans le dossier malien.

Kharroubi Habib

 

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« Discuter avec qui ? Avec Aqmi ? Qui peut imaginer qu’il puisse y avoir des conversations qui puissent être utiles ? ». Ce sont là les interrogations lancées par le chef de l’État français en appui à son rejet catégorique jeudi de la proposition de négociation préalable à une intervention militaire au Nord-Mali avancée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon durant l’entretien qu’ils ont eu mercredi à Paris et que des pays soutiennent dont l’Algérie.

 

Par ses questionnements donc, Hollande a tenté de créditer l’idée que les partisans de la négociation voudraient dialoguer avec l’organisation terroriste qu’est Aqmi. Supputation qui est totalement infondée concernant l’Algérie et fait réagir promptement et fermement les autorités du pays. D’abord, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, qui a dénoncé « qu’on a tendance ces derniers temps à présenter la position algérienne de manière schématique en occultant certains éléments importants de notre approche et en la mettant systématiquement en opposition avec la position d’autres partenaires de la région ». Il a par ailleurs rappelé que l’Algérie a toujours affirmé « qu’il était légitime de recourir à tous les moyens y compris la force pour éradiquer les groupes terroristes et leurs affiliés du crime transnational organisé dans le Sahel ».

 

Parmi ces groupes, l’Algérie place Aqmi au premier rang ce dont le chef de l’État français ne peut douter sans mauvaise foi. Et si ses autorités prônent la négociation dans la crise malienne, ce n’est pas par complaisance pour ces groupes et certainement pas avec Aqmi, mais parce que, a souligné le porte-parole du MAE, elles estiment « que l’usage de la force doit être conduit avec le discernement voulu pour éviter l’amalgame et la confusion entre les populations du nord du Mali qui ont des revendications légitimes et les groupes terroristes et les narcotrafiquants qui doivent constituer la cible parce qu’ils sont la source des menaces qui pèsent sur la région ». La nouvelle « sortie » du président français a de même fait réagir notre « Monsieur Sahel » Abdelkader Messahel qui de Bamako où il s’est rendu a affirmé que l’Algérie n’a jamais envisagé de négociations possibles avec des terroristes et des narcotrafiquants mais qu’elles le sont avec ceux qui prennent leurs distances avec le crime organisé.

 

En attribuant à l’Algérie même sans l’avoir expressément citée l’intention inavouée de rechercher le dialogue avec Aqmi, François Hollande a fait exactement ce qu’il déclare ne pas vouloir : lui « donner des leçons ». Il ne peut réfuter que c’était l’objectif de ses propos autour de la crise malienne lors du sommet des cinq + cinq à La Valette à Malte et celui de jeudi face aux journalistes des chaînes françaises d’information. Il n’ignore pas pourtant que si Aqmi et ses affiliés ont acquis de grandes capacités de nuisance leur ayant permis de prendre le contrôle du nord du Mali, c’est en grande partie grâce à la disponibilité qu’ont eue certains États dont la France principalement pour discuter avec eux et leur payer les rançons qu’ils leur ont réclamées en échange des libérations de leurs ressortissants pris en otage. Mais aussi et surtout grâce à l’aventureuse politique de Paris dans la crise libyenne.

 

Des délégations françaises se sont succédé à Alger pour préparer le terrain à la visite d’État que François Hollande doit normalement effectuer en Algérie avant la fin de l’année. Celle qu’entame aujourd’hui Emmanuel Valls, le ministre français de l’Intérieur, s’inscrit aussi dans cette optique. Mais il y a à parier qu’elle sera confrontée à une ambiance tendue pour les relations algéro-françaises. Les propos de François Hollande en sont responsables, et il n’est pas sûr que leur auteur parvienne à « rassurer » l’Algérie sur leur portée comme il prétend y arriver.

 

Éviter les amalgames trompeurs (Yazid Alilat)

 

D’entre toutes les solutions privilégiant le dialogue et le langage de la paix, la France privilégie la voie de la force et veut pousser au pourrissement dans le dossier malien. En dépit des mises en garde des pays voisins du Mali, rongé au Nord par une rébellion alliée aux groupes terroristes d’Aqmi, les responsables français n’en démordent pas et veulent aller vers la solution militaire, celle en fait perçue par nombre de pays sahéliens et même au sein du Conseil de sécurité de l’ONU comme étant la plus mauvaise et un détonateur en puissance d’une période d’instabilité de longue durée au Sahel.

 

Le président français l’a une nouvelle fois publiquement déclaré cette semaine en recevant le SG de l’ONU, lui-même berné par les fausses motivations de paix de Paris qui prétend seulement combattre le terrorisme. Et, sous couvert de pacification du nord du Mali, la France n’a d’autres objectifs que de sécuriser cette large bande sahélo-saharienne autant pour exploiter les riches gisements d’uranium du Niger que pour libérer ses otages, aux mains d’Aqmi. Cette vision étriquée des nouvelles donnes géopolitiques dans la région a déjà conduit la France à prendre la tête de file des pays occidentaux qui ont guerroyé pour éliminer Maamar Kadhafi, l’établissement de la démocratie en Libye n’étant qu’un simple alibi pour les puissances militaires qui ont déjà réduit à néant l’Irak, devenu un simple puits pétrolier. La suite de cet interventionnisme guerrier, les Libyens sont en train de la vivre : instabilité politique, guerre civile larvée, avenir incertain, poussée des groupes armés de tous acabits.

 

Les appels au calme de l’Algérie, qui s’investit dans le rapprochement des points de vue des différentes parties maliennes afin de ramener le calme, l’ordre et la sérénité au nord du Mali, sont ainsi chahutés par les velléités belliqueuses de la France qui a tout fait pour la mise en place d’une force militaire régionale, africaine, qui attend d’être déployée au Nord-Mali avec comme mission de chasser les groupes terroristes qui l’infestent. Cet aventurisme français qui ne tient nullement compte des intérêts des pays de la région est une nouvelle fois étalé sur la place publique, avec une pression sur le SG et le Conseil de sécurité de l’ONU pour qu’ils donnent leur feu vert à une intervention au Nord-Mali. Pour l’Algérie, par contre, il est clair que le dialogue comme solution ‘’civilisée’’ pour réconcilier les Maliens entre eux est la seule issue possible pour mettre un terme à la situation dangereuse et chaotique au nord du pays.

 

POUR AUTANT, CETTE POSITION DE L'ALGERIE, VITE DENATUREE ET SORTIE DE SON CONTEXTE PAR CERTAINS ANALYSTES EUROPEENS ET AUTRES CHANCELLERIES EUROPEENNES, RESTE PAR AILLEURS FERME PAR RAPPORT A L'INTENSIFICATION DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME. LA MISE AU POINT, EN QUELQUE SORTE, DU PORTE-PAROLE DU MAE EST ON NE PEUT PLUS EXPLICITE: ALGER UTILISERA TOUS LES MOYENS POSSIBLES POUR ERADIQUER LE TERRORISME ET LES TRAFIQUANTS DE DROGUE AU NORD DU MALI, Y COMPRIS LA FORCE. LA-DESSUS, AUCUN DOUTE, L'ALGERIE RESTE FERME ET INFLEXIBLE SUR L'URGENCE DE L'ERADICATION DU TERRORISME ET DES GROUPES TERRORISTES QUI ONT PRIS EN OTAGE UNE PARTIE DE LA POPULATION MALIENNE. MAIS, A L'OPPOSE, ELLE EXPLOITERA ET ENCOURAGERA TOUTES LES VOIES DE DIALOGUE POUR RESOUDRE PACIFIQUEMENT CETTE CRISE AU MIEUX DES INTERETS DES PEUPLES DE LA REGION, DONT LES MALIENS AVEC TOUTES LEURS COMPOSANTES ETHNIQUES. UNE POSITION SIMPLE QUI TIENT AU FAIT QUE C'EST AUX PAYS DE LA REGION DE RESOUDRE PAR EUX-MEMES ET PAR LA CONCERTATION, SANS INGERENCE ETRANGERE, LES PROBLEMES DE LA REGION.

 

http://www.lequotidien-oran.com/?news=5174164

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