Colonialisme économique

Alors comme ça Hollande aurait tourné la page de la Françafrique ! Quand nous disions « voter pour le meilleur menteur pour nous soumettre à sa dictature », nous étions malheureusement dans le vrai : en voilà une grossière preuve supplémentaire.

Diktacratie

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Le Monde daté du 14 et 15 octobre 2012 insiste d’ailleurs avec brio : « A Dakar, le chef de l’Etat a dit sa foi dans l’avenir économique du continent ».

 

Mais, un tel discours ne nous dissimulerait-il pas les vrais et profonds rouages d’une domination impériale ? Une domination par un trust économique jamais disparu depuis le temps des colonies ?

 

Quatorze pays privés de souveraineté monétaire

 

Car c’est toujours le même «fascisme» financier qui, en pleine crise de la dette et de l’euro, n’hésite pas à maintenir l’un des principaux mécanismes institutionnels de la Françafrique : le contrôle monétaire par le franc CFA (Franc des Colonies Françaises devenu le Franc de Coopération Financière Africaine ou de Communauté Financière Africaine selon les pays concernés). Et celui qui contrôle la monnaie, contrôle l’économie et donc détient le pouvoir.

 

Depuis plus de cinquante ans, les décisions de politique monétaire dépendent de l’accord de l’ancien colonisateur. Soit quatorze pays africains (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée-Bissau et équatoriale, Mali, Niger, République du Congo, Rwanda, Sénégal, Tchad, Togo) n’ayant aucune souveraineté monétaire.

 

Qui pour crier au scandale ? L’affaire est si énorme qu’elle ne semble indigner plus personne… Pas une ligne dans tous les journaux ! Et pourtant il y aurait de quoi faire un quinzaine de révolutions !

 

A la base, le franc CFA fut instauré comme monnaie convertible pour faciliter les transactions dans l’ensemble des colonies de la zone franc.

La parité fut fixée à partir de 1948 : 100 francs CFA équivalaient alors à 2 francs français. Le tout dans un esprit de coopération pour mieux aider les Etats nouvellement indépendants à gérer leur monnaie. C’est, en tout cas, ce qui est écrit dans les livres, car à regarder concrètement, l’histoire témoigne plutôt d’une dépendance des Etats de la zone CFA avec la France que d’une coopération.

 

Extorsion légitime

 

Avant 1973, l’intégralité des recettes – ou devises - des ventes extérieures de tous les pays de la zone CFA était centralisée –donc déposée – dans des comptes d’opération en France, autrement dit au Trésor Public français. Après 1973, seulement 65 % de ces recettes sont confisqués par l’Etat français. Enfin, depuis 2005, 50 % de ces capitaux sont réquisitionnés.

 

Oui, oui, vous avez bien compris, encore aujourd’hui donc, la moitié des réserves de changes de 14 pays africains reposent sur un compte d’opérations au Trésor Public français ! Véritable spoliation donc de la part de l’Etat français, ce qui oblige une grande partie de l’Afrique à s’endetter toujours plus à travers le monde via, par exemple, le FMI ou la Banque Mondiale ! Et bien sûr toujours au nom de la convertibilité censée faciliter les transactions…

 

Objectivement, l’austérité n’a pu que s’accroître sur un continent qui est le dernier à en avoir besoin. Une spoliation doublée d’une dette, rien de tel pour contraindre les Etats ciblés à réduire encore et toujours les dépenses publiques : éducation, santé, subvention des denrées de première nécessité… Quand on sait qu’aujourd’hui la principale nature de l’action politique en Afrique est d’ordre sociale, on peut percevoir l’étendue des dégâts… criminels.

 

Avec l’Afrique, on n’est jamais déçu, quand on cherche pire, rien de plus facile à trouver : début 1994, dans l’ère Mitterrand-Balladur, sous la pression de la communauté internationale – l’Empire donc -, le franc CFA est dévalué de 50 % (donc 100 francs CFA vaut alors 1 franc français). Soit disant pour rendre l’économie africaine encore plus compétitive et maintenir l’unité de la zone franc, histoire d’être toujours en règle avec le… FMI et la Banque Mondiale !

Mais qu’est ce qu’un ajustement monétaire pour une économie sous-développée ?

 

Une dévaluation de 50 % c’est la garantie d’une dette publique qui va être doublée (Déjà que, souvenez-vous, la moitié des devises vont directement dans le coffre du Trésor français). C’est aussi des importations plus chères (sachant que ces pays importaient avant tout des matériaux de construction, on comprend mieux la multiplication alors des logements précaires en bois par exemple). C’est enfin la fermeture des petites et moyennes entreprises. Bref, c’est la garantie du niveau de vie de la population qui ne cesse de régresser. Mais c’est toujours pareil avec les économistes : le sacrifice du présent est nécessaire au bonheur futur… Ce sont les chiffres qui le disent !

 

Pour finir le dossier, il faut rappeler que depuis le début, 1948 donc, le gouvernement français contrôle la BCAO et la BCAC, les banques centrales d’Afrique de l’Ouest et Centrale, par son droit de vote déterminant et surtout son droit de véto quant aux orientations monétaires prises.

 

Tant que le franc CFA restera indexé sur l’euro via le Trésor français, la sujétion coloniale de l’Afrique n’est pas prête de s’achever. Autrement dit dès que la France tousse, c’est la pneumonie assurée pour l’Afrique…

 

Hollande, vous l’aurez bien compris, c’est l’héritage Mitterrand-Chirac : une Françafrique sournoise mais très efficace. C’est que le Sarkozy nous avait habitué à autre chose, avec sa façon à l’américaine, assumée, franche : on envoie l’armée, on bombarde, on fait sauter les verrous et les résistances. Côte d’Ivoire, Libye… Vous avez déjà oublié ?

 

http://diktacratie.com/colonialisme-economique/

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