La guerre israélienne contre les enfants palestiniens

Non contents d'avoir occupé la Palestine, chassé des centaines de milliers de Palestiniens de leur pays, anéanti les Palestiniens de Gaza sous un siège économique étouffant et des bombardements aériens incessants, confisqué continuellement la terre des Palestiniens et démoli leurs maisons en Cisjordanie, les Israéliens ont aussi développé des mesures très coercitives contre les enfants palestiniens dont les familles ont osé rester dans leur pays, dans le but de les intimider, de les terroriser et de les traumatiser. Ces mesures, qui semblent faire partie intégrante de l'idéologie expansionniste raciste de l’État d'Israël et de son armée, ont deux objectifs : d'abord pousser les familles palestiniennes à quitter le pays dans l'intérêt de l'avenir de leurs enfants, et ensuite traumatiser et terroriser les enfants palestiniens tant qu'ils sont très jeunes pour qu'ils n'osent pas se transformer en jeunes gens révoltés en grandissant.

 

Par Elias Akleh

 

Le docteur Elias Akleh est un écrivain arabe d'origine palestinienne, né à Beit Jala. Sa famille a d'abord été expulsée d'Haïfa après la Nakba de 1948, puis de Beit Jala après la Naksah de 1967. Il vit actuellement aux États-Unis et publie ses articles sur le web en anglais et en arabe.

 

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Les enfants palestiniens, dès l'âge de 8 ans, sont devenus la cible principale de l'armée israélienne en Cisjordanie occupée. Les forces israéliennes d'occupation imposent des mesures draconiennes contre les communautés palestiniennes. Parmi ces mesures, les barrières et les check points entre les villes qui empêchent l'accès aux écoles, aux universités et aux marchés. L'armée démolit régulièrement des maisons, confisque des biens et expulse manu militari des Palestiniens de leurs maisons pour les donner à des colons extrémistes. Quand de jeunes Palestiniens manifestent dans les rues contre de telles pratiques, des tireurs israéliens visent les enfants à la tête et dans la partie supérieure du corps à balles réelles qui ont fait de nombreuses victimes. Lorsque ils utilisent des balles caoutchouc-acier, les soldats israéliens cassent l'enveloppe [en caoutchouc, ndt] de la balle pour la rendre plus mortelle. Lorsqu'ils poursuivent les enfants, les soldats les frappent à coup de matraques à la tête et aux extrémités pour infliger des dommages invalidants permanents dont le traitement constitue un fardeau financier pour des familles déjà pauvres.

 

Adoptant le schéma expansionniste sioniste, des Israéliens sionistes extrémistes sont encouragés à occuper par la force la terre agricole palestinienne et à installer des colonies de caravanes au sommet des collines qui surplombent les villages palestiniens. De là, ils peuvent alors viser les villageois et les fermiers palestiniens, et en particulier leurs jeunes enfants. Les colons extrémistes commencent à couper les oliviers, incendier les récoltes et tirer sur les animaux. Parfois, ils kidnappent les enfants des agriculteurs palestiniens qui gardent les troupeaux ou travaillent dans leurs champs, les emmènent dans leur colonie, les torturent pendant de longues heures ou jours, avant de les libérer.

 

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Une tactique similaire est adoptée à Jérusalem-Est. Le gouvernement israélien veut mettre la main sur Silwan, une banlieue palestinienne adjacente à la mosquée Al-Aqsa, pour y construire ce qu'il appelle "le Jardin du Roi". En ce moment, des maisons de ce quartier sont confisquées, leurs propriétaires sont expulsés et des extrémistes israéliens y emménagent. D'autres fois, les extrémistes israéliens s'emparent d'une pièce de la maison et se mettent à harceler la famille palestinienne propriétaire. Une colonie israélienne se construit progressivement dans le quartier. Ces colonies à Jérusalem-Est

constituent une violation du droit international. Ces colons extrémistes créent des tensions et provoquent des confrontations constantes et des altercations violentes. Les soldats israéliens utilisent ces affrontements comme excuses pour lancer des raids dans les demeures palestiniennes en pleine nuit, tirent les enfants de leurs lits, les menottent et leur bandent les yeux et les traînent littéralement vers les postes de police pour des interrogatoires violents et abusifs. Une enquête menée en 2010 par l'organisation israélienne B'Tselem montre qu'en un an, au moins 81 enfants palestiniens de Silwan ont été arrêtés et torturés par les forces spéciales israéliennes.

 

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La section Palestine de Defense for Children International a conduit des entretiens avec des enfants palestiniens qui ont subi les violences des soldats israéliens et des colons extrémistes. Leur site Internet est plein de témoignages de ces enfants brutalisés et des témoins oculaires. Une recherche sur You Tube.com pour "IDF targets children" liste de nombreuses vidéos témoignant de ces incidents. Breaking the Silence, (1) une organisation d'anciens soldats israéliens qui dénoncent les actions de l'armée israélienne dans les territoires occupés, a publié une brochure de témoignages de plus de 30 anciens soldats israéliens qui racontent comment ils traitaient les enfants palestiniens pendant leurs arrestations, et qui soulignent une modélisation des mauvais traitements.

 

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Une opération de routine des forces militaires israéliennes en Cisjordanie occupée est nommée "Veuve de paille'". Elle consiste à attaquer les maisons palestiniennes, en arme, à minuit ou avant l'aube, enfoncer les portes, hurler sur les membres de la famille, les détenir, y compris les enfants, dans une seule pièce et se servir de la maison comme de poste militaire aussi longtemps que les soldats le souhaitent, puis quitter la maison après l'avoir entièrement saccagée. Les membres de la famille, et les enfants en particulier, se sentent terrorisés, traumatisés et complètement vulnérables.

 

Une autre opération de routine de l'armée israélienne, similaire à la "Veuve de Paille", est le raid avant l'aube dans des maisons palestiniennes pour arrêter les enfants ; les soldats tirent le gamin de son lit, lui attachent les bras, lui mettent une cagoule sur la tête et le traînent jusqu'à une jeep militaire à coups de pieds et de poings et sous les insultes. La face contre le plancher du véhicule, l'enfant est emmené à un centre militaire d'interrogatoire en Israël, jeté dans une cellule noire et froide pendant des heures et des jours avant d'être emmené dans une pièce où il sera interrogé et rudoyé continuellement par différents officiers pendant de longues heures, attaché à une chaise dans une position douloureuse. Ce genre d'interrogatoire est accompagné d'intimidation, d'humiliation, de coups, d'insultes et de menaces de viol. L'enfant est alors amené à s'accuser lui-même par la signature, sous la contrainte, d'"aveux" écrits en hébreu, une langue qui lui est étrangère. Après des jours et quelquefois des mois d'incarcération, on le traîne devant un tribunal militaire, pieds et poings liés, où il est habituellement condamné à des mois voire des années de prison et à des amendes. Pendant tout ce temps où sa famille ne sait pas où il se trouve, il n'est pas informé de ses droits et n'est pas représenté par un avocat. Beaucoup d'enfants sont enfermés avec des délinquants israéliens qui les frappent, les harcèlent et même les violent. Au mieux, ils sont jetés dans une cellule sombre et surpeuplée avec d'autres prisonniers palestiniens.

 

Ces mauvais traitements traumatisants ont un impact énorme sur la santé mentale et psychologique des enfants et produisent divers symptômes pathologiques suivant l'âge de l'enfant, le type de sévices auxquels il a été soumis, et le soutien familial qu'il reçoit à sa libération. Les mauvais traitements n'ont pas seulement un impact sur les enfants, mais aussi sur leurs familles. Elles se sentent impuissantes, vulnérables et incapables de protéger leurs enfants. Elles se sentent seules, sans aide juridique ou psychologique de la part d'une organisation sociale ou gouvernementale. Avec son budget sous contrôle total du gouvernement israélien, l'Autorité palestinienne est fauchée et peut à peine payer ses propres employés, et encore moins fournir des services juridiques ou sociaux à ses citoyens.

 

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Les mauvais traitements d'Israël contre les enfants palestiniens sont devenus un phénomène tellement massif qu'ils ont attiré l'attention de neufs avocats anglais éminents, qui, conduits par Sir Stephen Sedley, ancien juge de la Cour suprême britannique, ont visité les tribunaux israéliens pour étudier leurs pratiques. Les avocats ont ensuite publié leurs conclusions dans un rapport intitulé "Children in Military Custody ", (2) dans lequel ils accusent Israël de violations graves de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant, dont la violation de l'article 2 sur la discrimination ; de l'article 3 sur l'intérêt supérieur de l'enfant ; de l'article 37 (B) sur le recours à la détention, (C) sur le maintien des contacts avec sa famille, et (D) sur l'accès à l'assistance juridique, et de l'article 40 sur l'interdiction des mesures coercitives. Les pratiques israéliennes d'arrestation, de détention et d'interrogatoire sont en violation des articles 36 et 37, et de l'article 37(A) sur l'interdiction des traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le transport d'un enfant prisonnier des territoires occupés vers Israël viole l'article 76 de la Quatrième Convention de Genève. Ne pas fournir une traduction de l'hébreu à l'arabe des ordres militaires et des prétendues confessions est une violation de l'article 65 de cette même Convention.

 

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Dans leur rapport, les avocats ont critiqué et condamné avec force ce que les procureurs militaires ont avancé lors des entretiens, à savoir que chaque enfant palestinien est un "terroriste en puissance", ce qu'affirmaient les Nazis lorsqu'ils étaient accusés d'avoir envoyé des enfants juifs à Dachau et Auschwitz. Suite à la publication du rapport, le ministère britannique des Affaires étrangères a révélé qu'il ferait pression sur les tribunaux israéliens pour que soit mis fin à leurs pratiques inadmissibles et aux violations des nombreux articles de la Convention des Nations-Unies dans leur traitement des enfants palestiniens.

 

L'administration américaine et l'OTAN qui s'autoproclament humanitaires et qui brandissent les bannières de l'"obligation de protéger les vies" et de "fournir de l'aide humanitaire", sont prêtes à n'épargner aucun fonds ni matériel militaire pour attaquer et détruire des pays en Afrique, en Asie du sud-est et au Moyen-Orient pour influer sur des changements de régime. Mais quand il s'agit de protéger les vies palestiniennes de l'occupation israélienne illégale, elles détournent les yeux des massacres israéliens, du terrorisme, de l'anéantissement, et des violations graves du droit international et des principes humanitaires fondamentaux. Ironiquement, l'administration américaine dilapide l'argent de ses contribuables en aide militaire à Israël, bien que celui-ci refuse de se soumettre aux restrictions américaines sur la non-utilisation de ces armes pour une agression. De si généreux cadeaux américains permettent à Israël de poursuivre l'annihilation des Palestiniens et ses agressions contre les pays arabes voisins. L'administration américaine donne à Israël 30 milliards de dollars des impôts tellement nécessaires en interne pour l'aide militaire sans exiger d'Israël qu'il respecte le moindre principe humanitaire, droit international ou normes de la décence humaine basique. "Israël tue les enfants palestiniens avec les impôts américains," a explosé Dennis Kucinich (vidéo You Tube ) devant un Congrès sourd.

 

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La philosophie chinoise du Yang à son apogée se transforme en Yin appliquée à la situation ici. La politique israélienne d'instillation de la crainte et de la terreur dans les cœurs des enfants palestiniens pour les rendre dociles et soumis à l'occupation israélienne à l'âge adulte n'a réussi qu'à transformer ces peurs en courage furieux de résistance à l'occupation. Les enfants palestiniens se sont montrés plus forts et plus résilients face à l'armée israélienne terroriste armée jusqu'aux dents. Nous les voyons faire face à l'impressionnante machine de guerre israélienne avec de simples pierres. David s'est transformé en Goliath, et Goliath en David.

 

 

(1) "Ces soldats israéliens qui brisent le silence", Info-Palestine.net, 30 août 2012.

"Yehuda Shaul brise le silence sur l’occupation israélienne", La Vie.fr, 25 mars 2010.

(2) "Le terrifiant scandale des enfants prisonniers en Israël et Cisjordanie ", article Mediapart du 30 juin 2012, ISM-France.

 

Note ISM-France : Selon l'organisation "Remember These Children", Israël a assassiné 1.477 enfants palestiniens depuis septembre 2000, date du déclenchement de la 2ème Intifada. Leurs noms, classés par année, sont accessibles ici.

 

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Source : Intifada Palestine

Traduction : MR pour ISM

 

http://www.ism-france.org

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