Dix questions pour le Premier ministre israélien Netanyahou

CJPMO

Début mars, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou se rendait au Canada. C'était l'occasion pour les Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient d'interpeler le dirigeant israélien sur le processus de paix, le Hamas, la colonisation... En attendant d'avoir des réponses, voici déjà les questions. (IGA)

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1. Sur l’absence de réponse de la part d’Israël relativement à l’Initiative de paix arabe

Pourquoi Israël n’a-t-il jamais répondu à l’Initiative de paix arabe1, fondée sur l’ « échange de terres contre la paix » et sur les frontières de 1967 ? La proposition a d’abord été amenée en 2002, puis réitérée en 2007. Quelles sont les objections d’Israël face à celle-ci ?

2. Sur le Hamas et le Likoud de Netanyahou

Israël continue de voir la charte de 1988 du Hamas comme un problème, bien que le parti palestinien ait fait des concessions importantes au fil des ans. Comment Netanyahou et son parti, le Likoud, peuvent-ils critiquer la charte du Hamas alors que leur propre plateforme exclut la création d’un État palestinien à l’ouest du Jourdain2, c’est-à-dire en Cisjordanie et à Gaza ?

3. Sur les négociations avec le Hamas

L’ancien chef du Mossad Efrain Halevy a publiquement exhorté Netanyahou à négocier avec le Hamas, à l’instar d’un ancien dirigeant du Shin Bet, le service de sécurité intérieure israélien. Si discuter avec l’ennemi est conditionnel à l’obtention de la paix, pourquoi Netanyahou traine-t-il des pieds lorsqu’il s’agit de faire l’essentiel pour arriver à un accord de paix, soit permettre au Hamas de participer directement ou indirectement aux pourparlers ?

4. Sur la fierté de Netanyahou d’avoir « fait échouer » les accords de paix d’Oslo

Dans une entrevue de 2001, ne sachant pas que les caméras tournaient, Netanyahou s’est vanté3 d’avoir fait échouer les accords d’Oslo au moyen de fausses représentations et d’ambigüités. À cette époque, il a déclaré : « J’interprèterai les accords de telle manière qu’il sera possible de mettre fin à cet emballement pour les lignes *d’armistice+ de 67. Comment nous l’avons fait ? Personne n’avait défini précisément ce qu’étaient les zones militaires. Les zones militaires, j’ai dit, sont des zones de sécurité ; ainsi, pour ma part, la vallée du Jourdain est une zone militaire [traduction]. » Netanyahou reviendra-t-il sur cette déclaration et engagera-t-il plutôt des négociations sincères ?

5. Sur l’affirmation d’Israël voulant que les frontières de 1967 soient indéfendables

Une délégation d’anciens diplomates de haut niveau et de généraux se sont rendus à Washington en juillet dernier pour réfuter l’affirmation de Netanyahou voulant que les frontières de 1967 soient indéfendables. Pourquoi ne pas accepter ces frontières et profiter de la volonté actuelle tant du Fatah que du Hamas de les considérer comme base d’un accord de paix final ?

6. Sur la reconnaissance d’un État palestinien aux Nations Unies

En 1949, Israël a été admis à l’ONU sans frontières précises et sans avoir négocié d’accord de paix avec ses voisins. Sur quoi Israël se base-t-il pour s’opposer à la reconnaissance d’un État palestinien à l’ONU dans des conditions similaires ?

7. Sur les présumées « conditions préalables » aux négociations des Palestiniens

Les Palestiniens ont demandé l’arrêt de la construction des colonies israéliennes en territoire palestinien occupé avant de reprendre les pourparlers de paix. Netanyahou a qualifié cette requête de « condition préalable ». Étant donné que ces colonies sont d’abord et avant tout illégales en vertu du droit international et qu’elles sont précisément construites sur les terres qui font l’objet des discussions, comment le fait d’exiger un gel de la construction peut-il être qualifié de « condition préalable » ?

8. Sur l’obstination d’Israël à continuer de construire des colonies illégales

En février 2012, quelques semaines avant la visite de Netanyahou aux États-Unis, le ministère de la Défense israélien a donné son approbation préliminaire à un plan de construction de 600 nouvelles unités à Silo4, une colonie située si profondément à l’intérieur de la Cisjordanie qu’elle est en fait beaucoup plus proche de la Jordanie que d’Israël. Comme ce n’est pas la première fois qu’Israël fait de telles annonces juste avant des rencontres avec les États-Unis5, il est difficile de croire qu’elles se produisent par hasard ou sans l’aval du bureau du premier ministre israélien. Quel message Israël cherche-t-il à envoyer aux États-Unis ? Et aux Palestiniens ?

9. Sur la « détention administrative » illégale des Palestiniens par Israël

Plus de 300 Palestiniens actuellement détenus dans les prisons israéliennes n’ont pas été inculpés ou jugés. Ni eux ni leurs représentants ne sont autorisés à connaitre les accusations qui, le cas échéant, seront portées, et les éléments de preuve, s’ils existent, que détiennent les autorités israéliennes pour justifier ces accusations. Pourquoi Israël ne se conforme-t-il pas aux exigences légales de la Quatrième Convention de Genève, qui stipule que les détenus ont le droit d’être informés des soupçons qui pèsent contre eux, d’avoir accès à un avocat et de ne pas être détenus indéfiniment ?

10. Sur les menaces israéliennes d’attaquer l’Iran

En vertu de quel précepte de droit international Israël menace-t-il d’attaquer l’Iran de manière préventive ?

Depuis plusieurs décennies, Israël possède des armes nucléaires, et il est le premier pays du Moyen-Orient à les avoir mises au point. Pourquoi Israël n’adhère-t-il pas aux traités internationaux sur les armes nucléaires ?

Le fait qu’Israël possède des armes nucléaires incite inévitablement d’autres puissances régionales à en faire autant. Si l’Iran acceptait de manière vérifiable d’annuler ses programmes nucléaires, Israël serait-il prêt à démanteler ses propres armes nucléaires afin d’éviter le déclenchement d’une course à l’armement nucléaire dans la région ?

Source : CJPMO

Notes :

1 Dans sa proposition, la Ligue arabe traite directement de toutes les questions relatives au « statut final » entre Israël et la Palestine et promet de « considérer le conflit arabo-israélien comme terminé » et d’établir des « relations normales » avec Israël dans le cadre d’une paix régionale qui garantirait la sécurité pour l’ensemble des États. Pour une traduction officielle en anglais du texte de l’Initiative de paix arabe, voir : Al-Bab, « The Arab Peace Initiative, 2002 », en ligne.

2 Plateforme du Likoud : « Le gouvernement d’Israël rejette catégoriquement l’établissement d’un État arabe palestinien à l’ouest du Jourdain [traduction]. » Autrement dit, en vertu de cette plateforme, aucun État palestinien ne sera établi sur l’ensemble du territoire actuellement désigné comme territoire palestinien occupé.

3 Voir l’entrevue (en anglais) au : http://www.youtube.com/watch?v=GQTU...;;feature=related

4 The Associated Press. « West Bank settlement of Shiloh gets initial approval for 600 new homes ». Haaretz.com. 23 févr. 2012.

5 Une annonce similaire avait été faite au moment de la visite du vice-président américain Joe Biden en Israël en 2010. Voir : Bronner, Ethan. « As Biden Visits, Israel Unveils Plan for New Settlements ». The New York Times, 9 mars 2010.

http://www.michelcollon.info/Dix-questions-pour-le-Premier.html>

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