La Turquie accuse la France d'avoir commis un «génocide» en Algérie

clip_image001

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan le 17 décembre 2011 à Istanbul. (AFP / Mustafa Ozer)

 

L'ambassadeur de Turquie a quitté la France vendredi, Ankara haussant encore le ton et accusant la France d'avoir commis un «génocide» en Algérie, au lendemain de l'adoption par les députés français d'une proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien de 1915.

L'ambassadeur Tahsin Burcuoglu «est rentré pour consultations», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la représentation diplomatique à Paris, Engin Solakoglu.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait ordonné jeudi en représailles la suspension des visites bilatérales, le rappel pour consultations de l'ambassadeur de Turquie en France et ajouté que «les exercices militaires communs avec la France et toutes les activités militaires avec ce pays avaient été annulés» pour protester contre l'adoption de ce texte.

«La haine du musulman et du Turc»

Vendredi, M. Erdogan a encore haussé le ton, accusant la France d'avoir commis un «génocide» en Algérie et le président français Nicolas Sarkozy, selon toute vraisemblance candidat à un nouveau mandat en avril prochain, de jouer sur «la haine du musulman et du Turc» à des fins électoralistes.

Jeudi soir, le chef de la diplomatie française Alain Juppé, selon plusieurs médias français opposé à l'adoption du texte, avait indiqué que la France«regrettait» les décisions de la Turquie, tout en appelant Ankara à ne pas «sur réagir».

M. Erdogan avait de son côté détaillé les mesures de représailles, indiquant que la Turquie statuerait désormais au cas par cas sur toute demande militaire française d'utiliser son espace aérien et «rejette dorénavant toute demande» de visite des ports turcs par des bâtiments de guerre français.

«Nous révisons nos relations avec la France»

Le Premier ministre turc a expliqué qu'il s'agissait là d'un premier train de sanctions contre la France, alliée de la Turquie au sein de l'Otan, et que, «progressivement», d'autres mesures pourraient être mises en œuvre.

«Nous révisons nos relations avec la France», a déclaré M. Erdogan qui a expliqué que la Turquie ne participerait pas à un comité économique mixte France-Turquie prévu pour janvier à Paris.

La Turquie met aussi fin aux consultations politiques avec la France, notamment sur des dossiers sensibles comme la Syrie où Ankara joue un rôle central.

«Malheureusement, cette proposition de loi a été adoptée malgré tous nos avertissements (...) Cela va ouvrir des plaies irréparables et très profondes dans les relations bilatérales», a averti le chef du gouvernement.

M. Erdogan a fustigé une "politique (de la France) fondée sur le racisme, la discrimination et la xénophobie".

Il s'en est particulièrement pris au président français Nicolas Sarkozy, l'accusant d'avoir instrumentalisé le génocide arménien à des fins électorales, à l'orée de la présidentielle de 2012.

Pas de sanctions commerciales

«L'Histoire et les peuples ne pardonneront pas à ceux qui exploitent les faits historiques à des fins politiques», a estimé M. Erdogan, qui s'est en revanche abstenu d'annoncer des sanctions commerciales contre la France, important partenaire économique de son pays.

Le volume bilatéral des échanges s'est chiffré à près de 12 milliards d'euros en 2010.

Selon l'ambassadeur turc qui s'exprimait jeudi soir après l'annonce de son renvoi, son homologue français à Ankara ne sera pas rappelé pour consultations. Ce dernier, avait indiqué le chef de la diplomatie Alain Juppé, se trouve actuellement en vacances en France.

Malgré les nombreux avertissements d'Ankara qui a dépêché plusieurs délégations à Paris, les députés français ont voté une proposition de loi pénalisant d'un an de prison et 45.000 euros d'amende la négation d'un génocide reconnu par la loi, comme l'est depuis 2001 en France le génocide arménien de 1915, qui a fait 1,5 million de morts, selon les Arméniens.

La Turquie reconnait que jusqu'à 500.000 Arméniens sont morts pendant des combats et leur déportation, mais non pas par une volonté d'extermination.

Pour entrer en vigueur, la proposition de loi devra cependant aussi être adoptée par le Sénat, ce qui pourrait prendre plusieurs mois.

(AFP) - Source: Libération

Print Friendly and PDF

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La Russie veut réaliser le rêve de la Grande Eurasie

La voiture qui fonctionne a l'eau au japon

Nouveau scandale sanitaire en vue

Syrie : Les sanctions de l’Occident sont l’autre visage du terrorisme.

Restriction de prescription de l’azithromycine du traitement du Pr. Raoult : une stratégie du gouvernement pour éviter des poursuites judiciaires ?

Facebook peut-il changer les résultats d’une élection ? Et que faire avec cela ?